
Il y a exactement 300 ans, Marseille connaissait l’un des moments les plus terribles de son histoire. Arrivée accidentellement de Syrie, l’un des plus grands fléaux que connut l’Europe refit surface sur la façade méditerranéenne française ; Yersinia pestis, la bactérie responsable de la peste.
La peste, souvent considérée comme l’une des calamités du genre humain, marque profondément la pensée collective, tant elle côtoie l’histoire des Hommes depuis des millénaires. L’un des épisodes les plus tristement célèbres est celui de la Peste Noire, qui décime la moitié de la population européenne en quelques années seulement (1348-1532), et dont les effets se répercutent jusqu’au XIXe siècle.
Elle fait sa dernière apparition en France en 1720, plus exactement le 25 mai de cette année, sur les quais de la ville portuaire de Marseille. Ce jour-là, y débarque le navire Le Grand-Saint-Antoine, une flûte de retour d’un voyage commerciale dans la région du Levant (actuelle Syrie). Or, cette partie du monde était alors en proie à une nouvelle épidémie de peste, peste dont le bacille s’était répandu jusque dans la cargaison d’étoffes du bateau.
L’arrivée du Grand-Saint-Antoine à Marseille en mai 1720 témoigne avant tout de l’exceptionnelle négligence des autorités en charge des flux commerciaux. Durant tout son voyage, le navire, bien que comptant plusieurs morts dû à la maladie, est continuellement autorisé à circuler vers sa destination par les autorités portuaires chez qui il fait escale. Une fois à Marseille, le bateau, avec la bénédiction du premier échevin, décharge sa riche cargaison dans les quais de la cité phocéenne. Se pensant à l’abri de ce mal jugé « d’un autre temps », la ville minimise, et tente même d’étouffer l’affaire.
Quelques mois plus tard, la ville déplore la perte de pas moins de la moitié de ses habitants faute de cette inadvertance. Les chiffres transmis parlent en effet de 30 000 à 40 000 décès imputables à la peste, avec des pics de 1000 décès hebdomadaires. Bien que cherchant à endiguer la propagation de l’épidémie, les autorités marseillaises ne peuvent que constater l’avancée de la maladie dans toute la Provence au cours de l’été. Des mesures fortes furent alors prises, à l’instar du blocus terrestre de la région via des régiments de soldats envoyés par le régent Philippe d’Orléans.
Finalement, après deux ans de lutte acharnée contre ce terrible ennemi, la région reprend petit à petit ses activités commerciales. Au total, la peste décima 100 000 personnes environ, dont un gros tiers de Marseillais.
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