Ce jour là

20 septembre 1378 : Le grand schisme d’Occident.

Il y a 642 ans exactement, le 20 septembre 1378, la papauté, et plus largement le monde catholique, connait l’un de ses troubles majeurs. Dans l’ombre de la curie, plusieurs cardinaux, mécontents du nouveau pape, élisent un second souverain pontife. C’est le Grand Schisme d’Occident.

L’Europe du XIVe siècle, alors en proie à la Guerre de Cent Ans – opposant principalement le royaume d’Angleterre et le royaume de France – et aux mutations sociétales, s’écarte petit à petit du modèle féodal des premiers siècles médiévaux. L’Église, qui jusqu’alors tenait un rôle prépondérant et fondamental dans l’exercice du pouvoir, peine à conserver sa place dans ce monde changeant. La France en est le plus parfait exemple.

Pendant des siècles, Rome était au cœur de la vie politique, économique et religieuse de la sphère européenne. Son importance tend à décroître cependant à mesure que la puissance de la noblesse, et plus particulièrement du roi, s’accroit, centralisant toujours plus le pouvoir autour de sa personne. La bourgeoisie naissante et les sociétés marchandes en plein essor la prive également de son monopole économique. En 1309, la papauté s’installe à Avignon. Partie de la Ville éternelle, qui faisait office de siège depuis saint Pierre, l’Église catholique se voit de plus en plus influencée par le royaume de France et son clergé.

Ce n’est qu’en 1377 que le souverain pontife retourne vivre au sein de sa cité originelle. Grégoire XI, le pape d’alors, y meurt l’année suivante. S’en suit de vives tensions entre les membres de la curie ; Urbain VI, d’origine italienne, est élu, mais les cardinaux français, révoltés, contredisent ce vote, et élisent en parallèle Clément VII, d’origine française. Ce dernier s’installe à Avignon. Considéré comme « antipape » par l’Église, il est néanmoins reconnu par la France, ainsi que par le royaume d’Écosse et les États de la péninsule ibérique, rendant ainsi effectif le Grand Schisme d’Occident.

La chrétienté se voit ainsi dotée de deux papes officiels, une première dans l’Histoire. Chacun soutenu par des puissances étrangères, les deux camps n’en démordent pas, et mettent par la même en péril l’autorité déjà faiblissante de l’Église. A leur mort, Clément VII et Urbain VI sont tout deux succédés par de nouveaux papes, rendant pérenne cette dualité et enlisant toujours plus cette situation tendue. Les cardinaux tenteront en 1409 de trouver un compromis entre les deux partis, en convoquant un concile à Pise. Résultat : aucune entente n’est trouvée. Pire, un troisième pape en la personne d’Alexandre V, archevêque de Milan, est élu…

Il faut attendre 1414 pour que la situation se débloque enfin. L’héritier du Saint-Empire-Romain-Germanique, Sigismond, convoque un nouveau concile à Constance, afin de régler cette scission depuis trop longtemps opérante. Les trois papes sont finalement déposés et, en 1417, Martin V reprend les rênes de l’Église réunifiée.

Malgré sa résolution, ce schisme temporaire met en lumière les fragilités du souverain pontife. Il démontre dans un premier temps son incapacité à s’adapter au sein des puissances temporelles en plein essor et, par conséquent, de conserver son hégémonie sur ces dernières. De plus, sa politique autoritaire de renforcement et de réaffirmation de son pouvoir à la suite du schisme a pour effet indirecte de nuire à son image au sein de la communauté chrétienne d’Occident qui, dès le début du siècle suivant, ne manquera pas de la combattre vivement.

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